Dico du futur de l'intelligence (et la bêtise) artificielle
Un manuel pour "bien vivre" avec les technologies
« Pourquoi un Dico du futur de l’intelligence (et la bêtise) artificielle ? À quoi cela peut servir ? Est-ce vraiment utile ? »*
Je me pose ces questions, même si mon objectif est aussi clair qu’ambitieux. Je veux réaliser un manuel du “bien vivre” avec les technologies et en particulier avec l’intelligence artificielle accessible à tous et en particulier aux néophytes et récalcitrants des technologies.
Depuis 50 ans, on numérise toutes nos activités. En d’autres termes, on transforme en 0 et 1 tout ce qu’on produit et fait. On a commencé par les textes, puis les images et les sons, les clics sur le Net, les déplacements pour vouloir maintenant numériser les émotions et les pensées. Cette binarisation constitue un gigantesque stock de données qu’on commence à peine à exploiter par des algorithmes. En résumé, l’intelligence artificielle est encore à la maternelle. Elle va progresser et envahir tous les domaines. Face à cette déferlante, on n’a pas le choix. Ou on compose avec la technologie en apprenant à « bien vivre » avec elle ou elle va nous prendre en otage et nous exclure.
Attention, « bien vivre avec l’IA » ne signifie pas qu’on accepte tous les délires des technophiles boutonneux ou des politiciens apeurés qui croient que la machine va leur apporter des solutions miracles sur un plateau.
Bien vivre avec l’IA, c’est appréhender les atouts et limites de ces technologies. Comme l’assistance électrique d’un vélo, elle permet de monter quelques côtes sans se fatiguer et de faire des explorations enrichissantes. Mais, si la batterie lâche, on se retrouve en pleine cambrousse avec un engin qui pèse un âne mort !
Bien vivre avec l’IA, c’est comprendre que la machine va prendre sa place en faisant (à notre place) un nombre grandissant d’activités. Elle va nous guider, nous conduire, organiser notre planning, effectuer nos traductions, répondre aux mails… Le danger, c’est qu’à force de faire à notre place, on peut finir par croire que la machine prend pour nous de meilleures décisions, pense mieux que nous, et même, sait mieux que nous, ce qui nous rend heureux.
Bien vivre avec l’IA, c’est ne pas se laisser subjuguer par une machine qui traite rapidement des millions de data. C’est apprendre à mettre cette compétence à notre service.
Bien vivre avec l’IA, c’est ne pas se laisser enfermer dans la dialectique du Maître et de l’esclave et croire que le Maître (l’homme qui a créé la machine) va devenir son esclave.
Bien vivre avec l’IA, ce n’est pas avoir peur de cette étrangeté semblant être dotée de cette chose si précieuse aux humains qu’est l’intelligence. Ce n’est pas non plus se sentir infiniment supérieur à la machine parce qu’il faut lui montrer des milliers de chats avant qu’elle reconnaisse un minou.
Bien vivre avec l’IA, c’est ne pas être pour ou contre l’intelligence artificielle. C’est maudire cette intelligence Thermomix qui transforme les données en une fade bouillie de cerveaux. C’est applaudir cette décoction d’informations qui pourrait nous permettre de trouver des solutions inédites pour diminuer les inégalités, supprimer les discriminations et permettre à la planète d’être vivable pour tous.
Bien vivre avec l’IA, c’est surtout une aventure personnelle. C’est découvrir comment l’intelligence artificielle peut augmenter ses talents, enrichir ses projets, doper sa capacité à inventer, mettre du plaisir dans sa vie.
Dans ce contexte, le Dico de l’intelligence (et la bêtise) artificielle, va tenter de permettre à chacun de construire sa réflexion et donc, son propre bien-vivre avec l’IA.
L’idée est de balayer tous les domaines en proposant des petits tas d’informations faciles à appréhender. L’humour ayant une influence positive sur la mécanique neuronale, on va mettre de cette huile dans les rouages. Comme les histoires permettent de faire passer des messages en peu de mots, on en glissera.
Pour illustrer le propos, je vous en propose trois racontant des bugs du système qui se retrouveront dans le Dico du futur de l’intelligence (et la bêtise) artificielle.
Elon Musk fait le mort
2024, une Sud-Coréenne a été séduite par un faux Elon Musk. L'homme lui promettait d'être riche si elle lui versait 50.000 dollars. Elle l'a fait. Elle a gagné le droit de se faire arnaquer.
L’histoire ayant fait le tour des médias, les faux Elon Musk se sont multipliés. Ils étaient tous plus vrais que le faux ou plus faux que le vrai. Le vrai a essayé de dire qu'il était vrai. Ça sonnait trop faux pour être vrai. Depuis, il joue au bridge. C’est le seul moyen de faire le mort tout en restant en vie.
Autonomes ensemblés
La ville est à l'arrêt. Les voitures, robots, poussettes, valises autonomes ne circulent plus. Un nuage de sable du Sahara a immobilisé tous les véhicules. Les hackers de nuages demandent 3 millions de dollars pour faire envoyer un nuage de pluie qui fera redémarrer la ville.
Du flou sur le Net
La CIA a annoncé que le consortium des opticiens a engagé des brouilleurs de vue. Ces hackers ont développé un programme qui analyse la vue d'une personne et rend légèrement flou tout ce qui est diffusé sur les écrans. La hausse de leurs ventes est spectaculaire.
Le sale coup de l'assurance
En découvrant le prix exorbitant de son assurance de santé, Arnaud Lorca comprit que l’analyse de son génome montrait qu’il aurait de graves problèmes de santé. Il était persuadé qu'il aurait, dans un avenir proche, un cancer, un diabète ou une maladie incurable. Cette probabilité le plongea dans une profonde dépression qui le conduisità mettre fin à ses jours.
Mort pour toute la vie
Hier, à 23 h 27, Mavie, la célèbre intelligence artificielle de détection des maladies, a envoyé un message à 10 millions de personnes qui disaient : « Désolé, mais vous êtes mort pour toute la vie. » Les morts envoyèrent les messages sur les réseaux sociaux. Mavie étant garantie comme fiable à 100%, la panique se répandit.
Et si vous imaginiez d’autres scénarios ?
Futureusement vôtre
Anne-Caroline
* Sortie en novembre 2024