Ici, demain ... La série qui vous propulse dans le futur
Après quelques lustres d’absence, la lettre du futur va reprendre du service ce vendredi avec un nouveau projet intitulé Ici, demain.
Demain, nous organiserons le pot de départ d’un collègue robot.
Demain, nous programmerons nos bébés.
Demain, nous aurons tous notre quart d’heure d’invisibilité.
Demain, nous mangerons des steaks d’humains imprimés.
Demain, nous aurons des quotas carbone.
Demain, nos morts seront bien vivants.
Demain, nous nous téléporterons.
Demain, nous pratiquerons l’amour collaboratif…
Ici, demain est une série qui décortique des prévisions.
Après avoir repéré les recherches, innovations, les technologies et les évolutions sociétales annonçant que demain est un autre jour, on explore les futurs possibles induits par ces changements.
À l'origine de la série
La graine du projet Ici, demain a été plantée lors d’un bel après-midi caniculaire.
Ce jour-là, une adolescente de 13 ans est au bout de sa vie. Son portable a perdu tout son jus ! En attendant qu’il reprenne vie, elle se distrait de son ennui en me posant une question :
— Au fait, c’est quoi prospectiviste ? Ça sert à quoi ?
Connaissant la volatilité de l’attention des adolescents, je tente une réponse claire et concise.
— Un prospectiviste sert à imaginer demain pour agir aujourd’hui. C’est comme quand on doit diriger un bateau. Quand on sait où l’on va, on peut tirer des bords et profiter des vents favorables.
— Donc, tu sais ce qui va se passer demain ?
Je signale que je ne suis pas Madame Irma. Aussi, je ne peux pas savoir si elle va vivre des amours exceptionnels, faire un carton avec sa story TikTok ou avoir la moyenne au devoir qu’elle a bâclé en trois minutes avec ChatGPT.
Envisager des possibles
Le prospectiviste envisage des possibles à partir d’innovations, des technologies et des priorités sociétales. Il repère des tendances émergentes et envisage des scénarios pour demain.
J’ajoute que je m’attache à la convergence d’éléments disparates, car c’est ce qui produit des changements.
J’illustre mon propos avec le Nutri-score qui bouleverse les industries alimentaires. Pour y arriver, il a fallu une start-up qui développe le dispositif. Des profs qui l’expliquent aux élèves. Des enfants qui incitent leurs parents à acheter des produits bien notés.
Généraliser n’est pas prévoir
J’ai parlé au moins deux minutes. Je sens que le niveau de saturation de mon interlocutrice explose.
— Donc, tu n’es pas Madame Irma, mais tu fais des prévisions. Tu ne te trompes jamais ?
En guise de réponse, je lui raconte l’histoire, du mathématicien et philosophe anglais Bertrand Russell (1872-1970).
Une dinde a remarqué que chaque matin des humains la nourrissent. Raisonnant par induction, et ayant recueilli un nombre estimé suffisant d’observations (en l’occurrence, 364 jours), elle conclut à la bonté et à la bienveillance des humains pour les dindes. Elle attend donc sereinement le 365ᵉ matin. C’est le jour le Noël : elle est tuée pour servir de repas ! Pendant 99,73 % du temps (364 jours sur 365) sa conjecture était exacte et sa confiance dans ses prévisions augmentait. Le dernier jour de l’année vient annihiler cette prévision.
Je précise que, comme d’autres, je peux aussi raisonner comme une dinde.
On n’est pas des tortues
Mon auditrice sourit, se lève. Son doudou électronique n’est toujours pas ressuscité.
Quand elle revient, elle s’écroule sur le canapé en disant :
— D’accord, j’ai compris. Tu disais tout à l’heure que l’océan est envahi par les plastiques et que c’est dramatique pour les tortues. Nous, nous ne sommes pas des tortues, alors quelle importance cela a pour nous ?
Pédagogue, je précise que la pollution plastique peut avoir des conséquences néfastes pour elle en transportant, par exemple, des virus.
Elle effectue ce soufflement excédé que les ados savent si bien faire et dit :
— C’est toujours la même chose. Quand les adultes parlent du futur, ils nous font peur. Le monde va se réchauffer. Cela va être horrible. En plus, ils nous culpabilisent. C’est à cause de nous que cela va se produire. C’est parce qu’on a acheté un petit haut chez Zara qui vient de Chine. La peur, tu crois que cela permet de réfléchir ? Non. On a juste envie de se cacher et de ne plus vous écouter. C’est comme quand vous parlez de l’intelligence artificielle. Vous racontez que des machines vont nous piquer tous les boulots. Alors à quoi bon travailler ?
J’ai la bouche ouverte. Je m’apprête à répondre. Manque de chance, le doudou électronique revit. La conversation est terminée.
Quand ça ne tourne pas rond, il faut sortir de son pré carré
Ici, demain est une réponse à cette adolescente et aux autres. L’intention est de montrer que le monde change pour le meilleur comme pour le pire. Mais, que chacun peut agir aujourd’hui pour créer le monde de demain qu’il désire. Rien n’est perdu si on a l’esprit ouvert et qu’on garde sa capacité à rire de toutes les extravagances technologiques.
Ici, demain est une série sur les innovations et recherches développées aujourd’hui. Après un tour de piste de celles qui préfigurent la prévision, on s’interrogera sur le monde qui se dessine.
Ces questionnements peuvent aider à réviser des copies et à privilégier les pistes qui vont dans le sens de plus d’humanité et de partages.
Premier épisode le 29 septembre : Demain, nous programmerons nos bébés.
En attendant, n’hésitez pas à aller faire un tour sur propulseurs.com, un site qui vous propulse vers notre myriade de sites. Pourquoi cette nébuleuse numérique ? On se le demande.
Futureusement vôtre.
Anne-Caroline